Symbolisme païen : La Chasse Sauvage

Symbolisme païen : La Chasse Sauvage

La Chasse Sauvage est un motif bien connu dans le folklore de divers peuples indo-européens. Elle est étroitement liée aux traditions religieuses des Celtes, des Germains, des Vikings et des peuples slaves. Dans ce blog, nous discuterons de cette tradition et mettrons en lumière les rituels modernes dans lesquels la Chasse Sauvage est encore visible.

 

Qu'est-ce que la Chasse Sauvage ?

La Chasse Sauvage est un phénomène surnaturel dans lequel un chef mythique mène un groupe de chasseurs fantomatiques ou d'êtres surnaturels. Cette chasse a traditionnellement lieu entre Samhain (Halloween) et Yule (Noël), une période où les jours sont les plus courts et où la nature est dans un état d'obscurité et de mort.

Dans le folklore, être témoin de la Chasse Sauvage était souvent considéré comme un mauvais présage. Cela pouvait indiquer une catastrophe imminente, comme une guerre, une épidémie de peste ou même la mort du témoin. On croyait également que les personnes rencontrant la Chasse pouvaient être enlevées vers l'outre-monde ou le royaume des elfes. Certaines histoires suggèrent même que les âmes des gens étaient emportées pendant leur sommeil pour rejoindre les chasseurs.

L'histoire de la Chasse Sauvage a été réécrite au fil de milliers d'années, rendant difficile la traçabilité de sa signification originale.

Jacob Grimm considérait la Chasse Sauvage comme une chevauchée nocturne terrifiante menée par un dieu païen et sa compagne féminine. Grimm, pionnier dans l'étude de la mythologie nord-européenne, la voyait comme un présage de guerre, avec des leaders tels que Wuotan, Huckelbernd et Berholt souvent décrits comme des cavaliers belliqueux. Il argumentait que cette chevauchée apportait à l'origine bénédictions et prospérité pour l'année à venir, mais que l'influence du christianisme avait donné à la chasse un caractère sombre et démoniaque. La figure de Wodan, autrefois un dieu social et familier, fut transformée en une force terrifiante. Parfois, le chasseur masculin était remplacé par des figures féminines comme Holda ou Berchta, qui pourraient avoir été l'épouse de Wodan.

Certains chercheurs voient dans la Chasse Sauvage des traces d'un ancien héritage indo-européen lié au culte des morts. Dans ce contexte, les morts apportent fertilité et renaissance à travers des rituels chamaniques. La chasse symbolise la relation cyclique entre la mort et la renaissance dans l'ordre cosmique. Ainsi, elle peut également être liée au concept plus large de la vénération des ancêtres, où les morts agissent comme des médiateurs ou une forme de transition entre les vivants et les forces cosmiques. L'armée des morts contraste ainsi avec les guerriers vivants en extase, tels que les berserkers.

Une autre théorie relie la Chasse Sauvage à des traditions germaniques plus anciennes. Dans son ouvrage Germania, Tacite décrivait les Harii, une tribu qui se peignait en noir pour ressembler à une armée des morts, ce qui montre des parallèles avec la Chasse Sauvage. La chevauchée est également perçue comme un phénomène où des guerriers morts, menés par Wodan, voyagent dans les airs dans une chasse rituelle.

Bien que la Chasse Sauvage soit plus courante dans les régions germanophones, quelques récits sont connus dans les régions celtiques et méditerranéennes, bien que moins répandus.

Les membres de la Chasse Sauvage

Le chef de la Chasse Sauvage est souvent associé au dieu germanique Woden (ou Odin). Il est perçu comme une divinité ancienne et ambivalente, contrôlant à la fois la mort et la résurrection, une sorte de guide des âmes. D'autres versions de l'histoire nomment un personnage historique ou légendaire comme chef, tel que Théodoric le Grand, le roi danois Waldemar Atterdag ou Sigurd le Tueur de Dragons ; le Gallois Gwyn ap Nudd, roi de l'Autre Monde ; et même des personnages bibliques comme Hérode, Caïn, Gabriel ou le Diable. En Allemagne, la Chasse Sauvage est parfois appelée Wildes Heer (Armée Sauvage), où le chef peut prendre différentes identités, comme Woden, Knecht Ruprecht (similaire à Krampus), Berchtold et Holda.

Les chasseurs accompagnant le chef sont souvent représentés comme les âmes des morts ou des chiens fantomatiques. Dans certaines versions, ces chasseurs peuvent également être des elfes, des valkyries ou d'autres êtres surnaturels. Cela peut s'inscrire dans le concept plus large de la vénération des ancêtres. Une théorie suggère que la Chasse Sauvage est liée à la pratique proto-indo-européenne du kóryos (les Harii de Tacite pourraient ne pas avoir été une tribu, mais une bande guerrière kóryos), où de jeunes guerriers revenaient d'un raid de bétail avec des cadeaux dans le cadre d'un rituel d'initiation.

Les animaux jouent un rôle important dans la Chasse Sauvage, les chiens ou les loups étant souvent représentés comme des compagnons des chasseurs. Dans certaines régions d'Allemagne, il est même question de loups-garous accompagnant la Chasse et volant de la nourriture ou de la bière dans les maisons. Les chevaux que montent les chasseurs sont souvent représentés avec des caractéristiques surnaturelles, comme plusieurs jambes ou des yeux flamboyants, suggérant leur nature démoniaque.

Rituels modernes et influence

Bien que la Chasse Sauvage dans sa forme originale soit moins visible dans la culture contemporaine, des éléments de celle-ci continuent d’exister dans les rituels modernes et les festivals folkloriques. Dans certaines régions d’Europe, comme l’Allemagne et la Scandinavie, il existe encore des traditions où la Chasse Sauvage est commémorée ou reconstituée. Cela a souvent lieu pendant les mois d’hiver, lorsque les jours sont courts et que les forces sombres de la nature semblent les plus présentes. La Chasse Sauvage reste également un thème populaire dans les histoires, l’art et la littérature, rappelant aux gens les forces mystérieuses et terrifiantes de la nature.

Dans différents pays et régions, il existe des variations de l’histoire de la Chasse Sauvage, chacune avec ses propres personnages et interprétations culturelles. Voici un aperçu de certaines versions régionales :

Allemagne

En Allemagne, il existe de nombreuses versions de la Chasse Sauvage, qui diffèrent d’une région à l’autre en termes de chef et de symbolisme. Le chef est souvent appelé der Schimmelreiter et est associé au dieu Wotan (ou Odin). Dans certaines régions, cependant, la chasse est dirigée par une figure féminine, comme Holda (également connue sous le nom de Holle ou Holt) dans le nord de l’Allemagne ou Perchta (également Berchta ou Berta) dans le sud de l’Allemagne. Holda et Perchta sont considérées comme des protectrices de la nature et possèdent des qualités à la fois bienveillantes et punitives, liées au cycle des saisons.

Scandinavie

En Scandinavie, la Chasse Sauvage était connue sous différents noms. En Norvège, elle était appelée Oskoreia, souvent interprétée comme « Le Ritt d’Asgard », et aussi Oensjægeren (« Les Chasseurs d’Odin »). Des noms régionaux tels que Åsgårdsrei (« Ritt d’Asgard ») étaient utilisés dans le Trøndelag, tandis qu’en Suède, elle était appelée Odens jakt et Vilda jakten (« La Chasse d’Odin » et « La Chasse Sauvage »). Dans certaines légendes nordiques, la chasse était dirigée par Guro Rysserova (« Gudrun Queue de Cheval »), une figure terrifiante chevauchant un cheval noir nommé Skokse. L’étymologie de oskorei est disputée, avec des origines possibles dans Åsgård (« Asgard »), oska (« tonnerre ») ou l’ancien norrois ǫskurligr (« terrible »).

Angleterre

En Angleterre, la Chasse Sauvage porte plusieurs noms, notamment Herlaþing (vieil anglais pour « le rassemblement d’Herla »), Woden’s Hunt (« La Chasse d’Odin »), Herod’s Hunt (« La Chasse d’Hérode ») et Cain’s Hunt (« La Chasse de Caïn »). En Cornouailles, elle était connue sous le nom de The Devil’s Dandy Dogs (« Les Chiens Dandys du Diable »), tandis que dans le nord de l’Angleterre, elle était appelée Gabriel’s Hounds (« Les Chiens de Gabriel »). En Amérique du Nord, le phénomène était parfois appelé Ghost Riders (« Cavaliers Fantômes »).

Pays-Bas et Flandre

Aux Pays-Bas et en Flandre, en particulier dans le nord de la Belgique, la Chasse Sauvage était souvent associée aux Bokkenrijders. Ce terme a été adopté au XVIIIe siècle par des bandes criminelles qui tentaient de légitimer leurs activités en prétendant faire partie de la légendaire chasse.

Pays de Galles

Dans le folklore gallois, Gwyn ap Nudd, chevauchant un cheval démoniaque, dirigeait la Chasse Sauvage. Il était accompagné d’une meute de chiens blancs aux yeux rouges, les Cŵn Annwn, les chiens de l’Autre Monde. Gwyn ap Nudd était le roi des enfers, chargé de dompter les démons qui voulaient détruire les âmes.

France

En France, la Chasse Sauvage était appelée La Chasse Hellequin ou l’Hoste, avec Hellequin comme chef. Ce nom pourrait provenir du vieil anglais Herla, transmis par les normands, anciens maîtres de la Grande-Bretagne. Le folklore inclut également des figures telles que Le Grand-Veneur, qui chassait dans les forêts de Fontainebleau. Dans le folklore québécois, une tradition similaire est appelée la Chasse-galerie, où des chasseurs volent dans les airs à bord d’un canot la nuit, en punition de leurs péchés.

Région slave occidentale

Chez les Slaves occidentaux, la Chasse Sauvage est connue sous différents noms, tels que divoký hon ou štvaní (tchèque pour « chasse sauvage » ou « poursuite »), dzëwô/dzëkô jachta (kachoube), et Dziki Gon ou Dziki Łów (polonais). Cette tradition se retrouve également chez les Sorabes et les Slovènes, où elle est appelée Divja Jaga (« chasse sauvage »). Les chercheurs en folklore slave estiment que ce motif a été influencé par des sources allemandes. En Biélorussie, le phénomène est appelé Дзікае Паляванне, ce qui signifie « chasse sauvage », et aurait probablement été introduit via la Pologne.

Italie et Espagne

En Italie, la Chasse Sauvage porte plusieurs noms, tels que Caccia Morta (« Chasse des Morts »), Caccia Infernale (« Chasse de l’Enfer ») et Caccia Selvaggia (« Chasse Sauvage »). En Galice, Espagne, le phénomène est connu sous le nom d’Estantiga ou Hostia, qui fait référence à une « ancienne armée ». Dans d’autres régions espagnoles, elle est appelée Compaña ou Santa Compaña (« troupe » ou « compagnie »), Güestia en Asturies, et Hueste de Ánimas (« troupe des âmes ») en León.

Sinterklaas et Santa Claus

Le rôle de la Chasse Sauvage de Wotan pendant la saison de Noël a probablement contribué au développement de la figure néerlandaise de Noël, Sinterklaas, et, plus largement, à celle de son pendant américain, Santa Claus. Il existe plusieurs similitudes reconnaissables entre ces personnages.

L'une des plus frappantes est la longue barbe blanche. De plus, Sinterklaas est souvent représenté sur un cheval blanc-gris, qu'il utilise pour ses balades nocturnes. Cela fait de Sinterklaas et Santa Claus plus que de simples symboles festifs ; ils sont également imbriqués dans un folklore et des traditions plus anciens qui remontent à la mythologie des cultures germaniques et indo-européennes. L'évolution de ces figures montre comment les éléments culturels changent au fil du temps et s'adaptent à de nouveaux contextes. Lisez-en davantage sur l'histoire de Sinterklaas ici.

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  • auteur: Patrick
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